jeudi 27 octobre 2016

Je résiste

Je résiste
Je ne sais pas pourquoi
Mais je résiste
Je ne peux pas me diviser
Me soumettre
Je suis celui qui résiste à ne pas tomber
Me retrouver sous une fausse couverture
Sur un socle que je ne mérite pas
Il y a trop de mensonge dans ma famille
Il n’y a pas assez de saisons pour oublier
Il y a des mensonges rituels
Des mensonges conventionnels
Et des confessionnaux à la pelle
Je résiste et résonne comme un moine et un volcan
Comme la foudre et un ciel bleu
Je suis en sens contraire
En sens unique
Un sens nouveau
Nivelant les cimes pour emplir les trous
Je résiste à être maintenu
Je résiste à me donner à la facilité
À me mouler sans que je m’amuse
Que reste-t-il de vierge
De pas retoucher
De non vue
De vide
Que reste-t-il de vrai
D’une première
D’un
Et peut-être partir à moitié
Sans me rendre où je peux aller
J’invente souvent des destinations
Mais elles ne vont nulle part
Pas pour moi
Je dois descendre avant d’arriver
Je résiste sans comprendre
Le monde est trop grand quand on est petit
Pas en taille
Mais en vrai
Sans artifice
Sans mensonge
Sans savoir
Sans tout ce qu’il faut
Ce qu’il ne faut pas faire
J’aimerais attendre
Attendre toute la vie
Et la voir passer
Et la voir repartir dans un autre début
Toujours sans but
Toujours en temps
J’ai toujours peur de revenir
De repartir de là où je suis
Au départ
Cela s’est passé sans que personne ne parle
Ne parte aussi
J’étais seul et je regardais partout
Je comprenais qu’il était temps de partir encore
Voici une histoire
La mienne
Celle que je connais
Je la récite chaque soir un peu plus
Je la récite ainsi
Et c’est ma voix que j’entends
Avancer sans voir
Sans lumière
Le soir
Non la nuit
Sous la neige sans lune
C’est minuit et plus
Il est l’heure de continuer
Pour se retrouver encore plus perdu
Plus ailleurs
De bonne heure ce matin
Je résiste à revenir
C’est trop facile
Je suis déjà marié avec la vie
Je n’ai pas eu le choix
La chance de choisir
Il faut dormir un peu
C’est le jour
Avant qu’il ne passe aussi
Avant je n’avais rien
Vraiment rien
Je pleurais sans arrêt
Sans prêter attention à tout
Je résiste aux rêves
Un autre matin
J’ai demandé à marcher
Et j’ai reçu l’entrainement à la peur
Je ne voulais pas
Ils m’ont forcé à passer comme eux
Sur un barrage en bois
C’était la première fois que je me sentais trop haut
Un vertige m’envahit
Une peur pour la vie aussi
Je ne voulais pas
Et ils m’ont forcé
C’est ma première mort
Les autres vont suivre
Je suis un noyé qui ressors de l’eau
De l’au-delà
Je résiste

Réjean Desrosiers © 2016 10 27 010

Viviane Gruais Demenge
"La vie soutenue "
24x24po - techniques mixtes sur plexi
Sept 2016

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Viviane Gruais Demenge
"La vie soutenue "
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Sept 2016

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