Je veux écrire sur le ciment
Pas celui des cimetières
Mais celui des murs des villes
Des murs des commerces
Des murs des industries
Sur tous les murs
Et même du mien
Je veux écrire avant que tout soit trop tard
Que tout souffrira de n’avoir rien fait
De réaliser que notre confort est un leurre
Un lit trop douillet
Je n’ai pas et je mange
J’ai et je veux encore
Je consacre ma vie à la perdre
À m’alimenter de mensonges
Des miens et des leurs
Je veux écrire en noir
Pas en couleur
Ce que j’ai de plus criant à dire
De voir l’indifférence
De croire que tout est stable
Et que tout durera à jamais
Même notre vie
Je veux éviter une révolte sanglante
De devenir insoumis
De se délivrer d’inutiles
D’amassements incalculables
Pour un plaisir futile
Un plaisir goudronné
Un plaisir qui ne profite qu’à une seule élite
Je veux dire que nous carburons au désastre
Les preuves sont d’une évidence sans lacune
L’inégalité se transforme en guerre
L’égalité est de moins en moins possible
Si nous continuons ainsi
Assi sur notre confort
Et à laisser aux autres
Les réparations impossibles
Je crains cette apathie
Cette lâcheté
Ce manque de conscience volontaire
Cette inertie à prendre des décisions difficiles
Des directions différentes
Qui peuvent peut-être
Qui peuvent peut-être
Faire une différence partielle
Mais moins destructrice
Que de ne rien faire
Le rien faire
La peur qui paralyse
Il doit y avoir un mouvement
Une révolution
Un réveil
Je veux écrire sur le ciment
Pas celui des cimetières
Mais celui des murs des villes
Des murs des commerces
Des murs des industries
Sur tous les murs
Et même du mien
Réjean Desrosiers © 2016 09 08 004
La Grenouille - David Desjardins
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