Quartier
des craintes
Je me
lève pour voir
Voir
devant
Je me
balance avec l’éternel
Je suis
Et
j’attends
Entre
deux arbres
Et un
grand champ
J’ouvre
les bras
Pour me
déprendre d’en dedans
Des
mouches de toutes les couleurs
Elles
me dessinent une image
Ce que
j’ai entendu
Tu ne
seras jamais bon
Tu
perds ton temps à dessiner
Tu
perds ton temps à écrire
Et à
lire
Tu
perds l’envie de vivre
Ce
n’est pas une maison
Ce n’est
pas la mienne
Même si
ma chambre y est
Je me
cache dans les tiroirs
Je suis
bête
Je veux
souffrir ailleurs
Je
marche en courant
Et en
me déshabillant
J’entre
dans l’eau pas assez creuse
Ce
n’est pas un fleuve
C’est
un ruisseau
Je
reviens en courant lentement
Trop
lentement
Pour
appeler cela courir
J’ai
oublié de me rhabiller
Mais je
le savais
Je suis
devenu une icône nu
Très
inconnu de mes proches
Je
repars prendre ma place
Entre
les deux arbres
Pour me
balancer encore
Et je
ris de rêve
Des
rêves renversants
Des
illusions de l’instant
C’est
quand même eux les plus vrais
Je
couche dans une tente
Du
début du printemps
À la
fin de l’automne
Et
l’hiver
J’intente
des aventures
En
partant avec les glaces
Le
fleuve devient une mer
En
attendant de s’ouvrir à l’océan
Je me
suis noyé deux fois
Un pour
me pratiquer
Et
l’autre pour de vrai
Mais
Quelqu’un
me ranime
Je dois
continuer
Je dois
contourner
Je dois
me répondre
Je me
dépose comme une limace
Lier à
la masse
J’ai
peur de trop en dire
Chaque
jour
Chaque
jour
Un autre
jour passe
Je
repars toujours de plus en plus étrange
Mes
mots épaves trainent sous mes pieds
Sous
mes pas
Je suis
prêt à repartir
Je
repars à chaque instant
Je me
jette toujours devant
Toujours
seul
Je
passe une rivière
Je
trépasse
Elle
est trop creuse
Je suis
dans mon élément
J’insiste
pour me faire mal
J’insiste
à ne plus dormir
Ma
démarche est importante
Elle
est un poème
Un
ensemble de mots mystères
De mots
mystiques
Mots
perduss
Oui
Avec
deux s
Deux
vies peut-être
Une
pour la pratique
Et
l’autre pour la fin
J’ai
perduss mon sexe
Mais il
me reste mon histoire
Celle
dans ma tête
Celle
de ma conscience
Je
retraverse l’océan
Pour
rebondir en arrière
Pour
retrouver mes souvenirs
Rester
dans quelques boites
Que je
place sur des étagères
Je
recommence à vivre
Un
sourire libre
Une
invitation pour tout dire
Décrire
les crimes
Pas les
miens
Je
deviens Perduss
Pas un
autre
Moi
J’ai 59
ans
Réjean Desrosiers © 2016 03
04 / 20160304002
Trente tableaux
ONFB,
2011,
81 min 3 s
Paule Baillargeon a 37 ans, 11 ans, 65 ans… Dans ce long
métrage documentaire composé de fragments, elle se raconte. C’est l’histoire
d’une femme, d’une cinéaste, d’une mère, d’une féministe, d’une artiste. D’une
comédienne aussi, qui livre la narration de ce texte puissant qui berce et
secoue à la fois. Ce sont des images fortes, les siennes, filmées, dessinées,
animées, qui dressent le portrait d’une vie sauvage, rebelle et douce à la
fois. Autobiographie que ces Trente tableaux? Plutôt un conte authentique,
imprévisible et unique comme le sont toutes les vies.
Trente tableaux
ONFB,
2011,
81 min 3 s
Paule Baillargeon
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